Des vitraux historiques de GUIDO NINCHERI à Drummondville !
Des vitraux historiques de GUIDO NINCHERI, Maître Verrier à Drummondville
Nous avons la chance d’avoir des oeuvres historiques à Drummondville au Village Québécois d’Antan, des vitraux signés GUIDO NINCHERI, un maître verrier réputé, qui excellait dans l’interprétation des images et textes bibliques. Son jeu de perspective et ses compositions équilibrées impressione encore et nous font toujours rêver par la finesse de ses clairs-obscurs et son harmonie de couleurs. On lui doit d’innombrables réalisations mises en lumière dans le patrimoine religieux québécois.
Pour ma part, la première fois que j’ai entendu parler des vitraux historique de GUIDO NINCHERI à Drummondville, c’est par l’intermédiaire de M. Jacques Bellemare, frère de la congrégation de Les Frères de la Charité, fondateurs du Collège Saint-Bernard de Drummondville. J’ai rencontré le frère Bellemare pour le projet d’une oeuvre en vitrail rendant hommage au fondateur de la congrégation dans le cadre de leur 150e anniversaire, car on lui avait montré les Oeuvres-trophées du Collège Saint-Bernard. Des vitraux sur base offerts depuis 2009 à d’anciens diplômés intronisés au PANTHÉON du Collège afin de souligner l’excellence de leurs vies professionnelles.
Celui-ci m’indiqua que la congrégation avait fait don en 1985 d’une série de vitraux historiques de GUIDO NINCHERI venant de la chapelle du Mont Saint-Antoine qui fut construite en 1932 dans le style d’architecture Beaux-arts d’Omer Marchand et transformée dans les années 1950 en école de réforme.
Frère Bellemare m’a fourni une photo de la Chapelle du Mont-Saint-Antoine où furent installés les vitraux d’origine. Ils n’y sont déjà plus malheureusement. Il m’a aussi transmis un journal interne ou on indiquait les titres des vitraux.
1- « L’ANNONCIATION »
2- « LA NATIVITÉ »
3- « LA CRUCIFIXION »
4- « LA RÉSURRECTION »
5- « L’ASCENSION »
6- « L’ASSOMPTION »
Selon l’historienne d’art Ginette Laroche, le commanditaire de ces vitraux voulait une conformité avec le thème des Mystères du Rosaire. Comme c’était un thème récurrent à l’époque, il est probable de penser que le Atelier Guido Nincheri se serait inspiré de dessins antérieurs.
Plutôt que de les conserver, Les Frères de la Charité ont choisi de donner ces prestigieux vitraux au Collège Saint-Bernard, qui à leur tour les ont cédés au Village Québécois d’Antan. Pourquoi ne pas les avoir récupérés dans un de leurs nombreux établissements? Une question qui demeure sans réponse…
Au Village Québécois d’Antan
Ces six vitraux se sont donc retrouvés dans la chapelle du Village Québécois D’antan qui fut la première chapelle catholique de Drummondville. La Chapelle du Village n’a pas d’assez grandes fenêtres pour les accueillir. Comme ils ne pouvaient les installer dans leur intégralité, chaque vitrail se retrouve scindé. Un jeu de casse-tête qui ne respecte pas l’oeuvre de NINCHERI et qui en plus, se retrouve par-devers, les écritures devenant illisibles à l’intérieur.
Avec l’aide du logiciel Photoshop, j’ai donc reconstruit ces oeuvres historiques, à partir de photos prises directement sur place au Village. Ces photos n’ont pas de prétention professionnelle, mais proposent cependant une vue d’ensemble du concept original de l’artiste GUIDO NINCHERI.
L’ancien directeur et fondateur M. Claude Verrier m’a confirmé que plusieurs panneaux n’ont malheureusement pas survécu au transfert et aux différentes manipulations.
Les vitraux actuels ont une valeur inestimable. En effet, en 1958, une verrière valait 1550$ et demandait entre 150 et 200 heures de travail et aujourd’hui je peux aisément estimer que chaque vitrail de ce format pourrait facilement valoir 20,000$ et probablement plus, avec des matièriaux de plus en plus onéreux. Sans compter la complexité de la peinture sur verre de plus de 1,000 morceaux et sa valeur historique.
Il est vraiment dommage que nous ne puissions pas les admirer dans leur intégralité et qu’ils ne soient pas installés dans de meilleures conditions comme au musée régionale LA PULPERIE DE CHICOUTIMI. L’objectif étant de prévenir d’éventuelle dégradation. Mais notre patrimoine religieux fait tellement partie de notre folklore qu’il n’est pas si surprenant de retrouver ces oeuvres au Village Québécois d’Antan, un site à vocation historique mais surtout touristique.
LE 14 MAI 2021 je reçois UN APPEL aussi IMPORTANT qu’inespéré du petit-fils de Maître Guido Nincheri soit M. Roger Nincheri.
C’est l’historienne Mme Hélène Laroche qui, suite à la publication de mon article, lui avait transmise mes coordonnés. Il désirait m’encourager à poursuivre ma démarche de sensibilisation de la population de Drummondville face à la valeur artistique autant qu’historique de ces vitraux. Il m’a d’ailleurs gracieusement transmis la photo des vitraux de l’installation originale de La Chapelle du Mont Saint-Antoine pour fin de publication afin d’appuyer adéquatement mon propos.
C’est tout simplement GRANDIOSE !
GUIDO NINCHERI !
Retenez ce nom si l’histoire des vitraux et du patrimoine vous intéresse, car nous sommes très privilégiés d’avoir ses oeuvres à Drummondville. Espérons qu’un jour elles soient restaurées et présentées à leur juste valeur. Si vous passez par là, allez admirer un art pratiquement disparu…
Qui est GUIDO NINCHERI ?
Référence: LES VITRAUX DES ÉGLISES MONTRÉALAISES par Sylvana Micillo Villata (disponible à la bibliothèque de Drummondville)
Artiste verrier de renom, Guido Nincheri a oeuvré au Québec pendant plusieurs années. Né le 29 septembre 1885 à Prato, près de Florence, il s’inscrivit à l’Académie des Beaux-Arts de Florence à l’âge de 18 ans en dépit de réticences paternelles. C’est là qu’il acquiert sa grande expérience en dessin, en peinture et en architecture qui lui vaudra une longue et prolifique carrière jusqu’à sa mort en 1973.
Son parcours de l’époque est digne des années de grande immigration due aux guerres existantes. En 1893, Guido Nincheri se marie à une jeune Italienne, Florentine Giulia. Avant son arrivée au Québec, il passe par Boston et se retrouve à Montréal pour travailler avec Henri Perdriau qui l’initie au vitrail.
Des 1921, Nincheri ouvre son atelier de verre à Montréal au 1832 boulevard Pie IX au coin de la rue Sherbrooke, dans des locaux prêtés par les frères Oscar et Marius Dufresne en échange de la décoration de leur nouvelle demeure commune aux frères Dufresne. (Château Dufresne, maintenant lieu touristique, 2929 Avenue Jeanne-d’Arc, Montréal). L’artiste travaillera dans ce lieu pendant 60 ans avec quelques employés, dont son apprenti Matteo Martirano et son fils Gabriel Nincheri.
Nincheri y produisit des pièces remarquables pour plusieurs églises et résidence de 1923 à 1973. Sa formation traditionnelle lui conférant une technique impeccable. Par contre le budget des demandeurs fera une différence dans l’exécution de ses oeuvres. Sa famille sera toujours prise pour modèle et son épouse sera très souvent représentée en madone. Il est décédé le 1er mars 1973 aux États-Unis, à Providence (Rhode Island).
L’Église Saint-Léon de Westmount est sans aucun doute le point culminant de son talent et de son savoir-faire.
En voici quelques un…
L’abbé Oscar P. Gauthier, curé de Saint-Léon de 1903 à 1951, voulait en faire « la plus belle Église d’Amérique du Nord ». Les travaux se poursuivirent de 1923 à 1944 et cette église constitue le grand oeuvre de l’artiste, de par son ensemble harmonieux et parfaitement cohérent.
Son talent fut de plus en plus reconnu avec son interprétation des visages d’anges et de leurs ailes. Une interprétation qui se rapproche sensiblement de la Vénus de Botticelli.
L’illustration des ailes est empreinte de grâce et de légèreté par les couleurs douces et contrastantes à la fois. Ce qui démontre une grande maîtrise de la peinture sur verre cuite au four.
« Guido Nincheri a métamorphosé les textes sacrés dont il s’est inspiré en autant d’apparitions surnaturelles multicolores et d’impalpables valeurs atmosphériques, bref une pure poésie » Sylvana Micelle Villata
Un de ses plus grand projet trône assurément à la Cathédrale de l’Assomption de Trois-Rivières.
GUIDO NINCHERI est sans conteste un maître verrier de grand talent.