VERRE NATURE EN MOTS
On me connaît pour mes tableaux, mes écrits, mes talents d’auteur-compositeur-interprète, mais surtout et sans nul doute pour ma passion de la Nature. Dans ce carnet de réflexions, VERRE NATURE EN MOTS, je m’ingénue à rappeler la délicatesse parfumée d’une fleur, l’opalescente magie du contre-jour, l’insaisissable miracle de l’oiseau, tout en insistant sur l’importance immuable des cycles de la vie. À ma façon, je pose ici un second regard sur l’oeuvre de verre de Sylvie lors de l’exposition VERRE NATURE en mots, une deuxième lecture en prose sur fond de vitrail, une lumière nouvelle sur l’art de transparaître. En fait, il ne s’agit que de s’arrêter pour regarder un peu plus loin, l’émerveillement toujours à portée d’imagination.
Ce carnet de réflexions fut produit à l’instar des expositions VERRE NATURE dans le cadre de l’année internationale du verre, en 3 volets solo présentées par Sylvie Savoie, artiste verrier, en 2022 chez EMA (Expérience Métiers d’Art) à Trois-Rivières, à la galerie Axart de Drummondville et au Musée Beaulne de Coaticook. Voici d’ailleurs le texte de Sylvie à ce sujet. Bonne lecture !
LA NATURE CRISSE !
La diversité pour un monde en santé
L’éveil de l’humain pour un monde… Demain
AQUARIUS
À la poursuite de bulles
qui s’éclatent à la surface
des turbulences turquoises,
un poisson tout de rouille vêtu
s’embrouille à chaque reprise,
tout surpris de mordre l’air
dans ce face à chasse
avec l’anti-gravité de la situation…
Un jeu de questions sans réponse:
Mais ça vient d’où ces bulles?
Mais elles vont où ces bulles?
TERRARIUS
D’en haut la manne est tombée et
le tamia l’a d’abord au son, présumée
à sa forme et à son odeur, identifiée
puis finalement au goût, adjugée.
Mais surtout à la gourmandise,
il ne doit pas céder
à ce croquant des plus savoureux
car fin de récolte prône garde-manger
et réserves autant que faire se peut.
CIRRO-STRATUS
A la collection plumes d’Afrique prisées
un matador à longs brins, le rollier :
collier lilas à gorge déployée
fière allure et port de tête altier
sur dos de savane à terre brûlée,
et sous cape, deux ailes couleurs de ciel
sur queue turquoise à traîne révérencielle.
Un joyau exhibé au sud du soleil
une véritable merveille !
OCULUS
Toujours la lune se berce
au canevas de la nuit,
nouvelle ou pleine
12 battements dans nos vies.
Un jeu de trôle pour mers et océans
un jeu de rôles pour rêveurs et amants
MOUVEMENTS NATURE
Sur la route des vallons
le ciel en dit bien long
car l’hirondelle cabriole
et la pomme dégringole.
Sur les chemins qui se déroulent
les paysages roucoulent
de fleurs et de feuilles,
d’odeurs, d’arbres et de nuages.
Sur la route de l’horizon
le flâneur en pâmoison.
LE MONDE À L’ENVERS
Suspendue à contre-gravité
l’araignée laisse filer au vent
ses filins et crochets de sécurité
pour se mettre ensuite à tisser
son invisible labyrinthe béant
question bien sûr de piéger
quelque futur volatile goûter,
à base de passants imprudents.
DANS LE MARAIS
La libellule s’épivarde et la grenouille bavarde,
les lys d’eau naviguent à la voile,
les iris se déploient comme des grands,
les feuilles elles, pointent en ruban
ou flottent à la surface en cavale.
Sous l’eau, à fleur d’eau et sur sa rive
le marais se cache dans sa diversité
un paravent en sursis, souvent menacé
même s’il abrite les quatre pans de la vie :
l’insecte, la faune, la flore et le minéral.
AQUAFORME
À cheval sous la mer
un club de nageurs compères
s’avancent dans le vague
tout en copinant avec les algues.
Médusés, la queue en éventail
suspendus, les yeux dans l’eau
une ruée d’or sur fond de corail
se baignant en silence dans
la mouvance d’un immuable berceau.
MOUVEMENT EN NATURE
Un souffle de vie sur la toile de l’été
une valse concertée à dos de libellule,
un bourdonnement saisonnier
à fleurs de prés.
Et toi, à quand remonte
ton dernier vagabondage de tête
perdu dans les nuages?
LE REPÈRE
Clin d’oeil au fleuve de mes pensées
à une amie-lumière de ma destinée.
Tu es mon phare, mon guide, ma vie
car la houle nous berce
et la brise nous caresse,
dans ses bras immenses
la mouvance de notre romance…
Avec toi, je traverse la nuit!
TCHITREC
Palmure en ombelle, un bronzé d’Afrique
se tient aux aguets tel un dieu soleil aztèque:
c’est le tchitrec, chasseur scotché
derrière son écran de feuilles lancéolées,
cherchant l’insecte d’un oeil aguerri
question de survivre en harmonie
avec l’immuable cycle de sa vie
en phase avec patience infinie.
SOUIMANGA
Plumage endossant les couleurs
du lilas jusqu’à l’aubergine,
cet oiseau d’Afrique tourne les têtes
avec son bec à courbe titubante
complice de fleurs tubulaires,
et son oeil inquisiteur
qui se demande si son portrait,
un peu pas mal entêté, se répéterait
dans le verre mais en plan rapproché,
à la ronde sur buste violacé?
L’ESPRIT DU VENT
À peine sorti du terreau
l’arbre doit apprivoiser l’air mouvant
pour l’aider à se tenir bien droit
quand il sera grand.
Puis emmitouflé dans ses branches,
feuilles et racines bien ancrées,
il se plie aux caprices de la brise,
endure les mille tourments de la tempête et
peut parfois même tenir tête à l’ouragan.
Mais quand la colère est au temps
ce que la persistance est au violent,
peut alors avoir raison l’esprit du vent
sur le pin, le saule ou le peuplier,
voire même le chêne, éventuellement!
PLEIN SOLEIL
Aux rayons des perles de la flore
le soleil multicolore nous offre
à boire au calice des sépales,
à voir aux coroles des pétales.
Au jour le jour un ballet à éclore,
fragile, si fragile
mais se déployant via l’étoffe
des couleurs sur fond de verdure,
avec parfum et nectar en prime,
tous deux garants du futur…
TOILE BAROQUE
Bien malgré elle la toile d’araignée
devient filet pour parachutes égarés
en croisière sur courants d’air.
Ces voyageurs du vent sont à leur affaire
sauf pour ces escales inopinées
qui font halte à leur destinée,
hasards de la route qui ultimement
tissent une dentelle de style baroque
sur canevas de soie improvisé.
PLANÉTARI’HOMME
Les besoins de l’homme sont :
l’air, la terre et l’eau,
POINT FINAL!
EFFLEURE-MOI
À chaque parfum sa fleur,
à chaque destin sa couleur.
Une farandole de pétales
blanc-rose qui déraillent
car on s’aime, on s’aime pas
ou peut-être un peu,
plein de l’espoir qu’on finira
par tirer son épine du jeu.
CORPS DE LUMIÈRE
Corps de verre, âme de lumière,
le coeur de ta nature
est soleil intérieur…
Laisse-le briller au-delà
des ombres et des guerres
ROSASTRAL
12 temps, 12 mouvements,
une rosace à hauteur d’éléments,
un cercle de feu aux mille éclairs
avec l’astre de la nuit dans la stratosph’air
surplombant un monde d’eau semé
d’îles de terre via des flèches de soleil
sur coeur de pierre.
Planète bleue, je te vénère!
DÉCLINAISON PRINTEMPS/ÉTÉ
Au printemps des jours
la sève est montée
et les bourgeons ont éclaté
puis comme toujours
le soleil s’est immolé
aux jardins de l’été.
Une véritable symphonie
en déclinaisons de vie
le pouls du monde
battant à l’infini.
DÉCLINAISON D’AUTOMNE
Autant en emporte vents et marées
qui s’agrippent aux futurs bras décharnés
des arbres caducs pour enfin les délester
de leur cargaison de feuilles à sécher.
Et le sol les rapiècera en courtepointe
aux chaudes couleurs du temps
effaçant l’été sous ces teintes,
pour ensuite les faire virevolter
en pas-à-pas nonchalants
au rythhme du flâneur, du passant.
DÉCLINAISON D’HIVER
Au rendez-vous de l’hiver
le froid et la nuit deviennent compères
et la saison morte supposée
se costume en fin du monde affectée
en tirant sa révérence immaculée
à même le sol ensommeillé,
la terre mise en veille
jusqu’au prochain dégel.
Cependant pas née d’hier
l’hiver décline son savoir-faire
et sans vraiment s’afficher
concocte une future verte cuvée.