ALLEGRO
Ma première réalisation d’envergure, mais pas la dernière!
À l’automne 2014, je reçois un appel d’un responsable de projets pour une grande entreprise de Drummondville, Canimex, qui désire orner leur vitrine d’une grande verrière de 21 pieds de largeur par 5 pieds de hauteur en son maximum. Cette invitation tombe à pic puisque je viens d’effectuer un agrandissement significatif de mon atelier et je sors à peine d’une formation sur les Métiers d’art liée à l’architecture et au bâtiment donnée par le CMAQ. Tout est donc en place au bon moment…
Une rencontre s’organise alors avec le propriétaire et je ne cache pas mon excitation pour ce beau défi. Différents thèmes sont abordés, mais je sais d’avance que j’impliquerai mon conjoint pour la création des dessins, entre autres. Les coûts d’une oeuvre semblable étant d’importance, nous nous devons de présenter un croquis persuasif sur le thème choisi de la musique afin de concrétiser l’entente. Luc et moi avons donc établi un scénario et élaborer une belle présentation avec maquette à l’appui qui a tout de suite enthousiasmée le client.
Étant d’envergure, ce projet nécessite une structure de production rigoureuse afin de limiter toute erreur dans le processus de création. Le contrat signé, nous finalisons alors le dessin avec certaines modifications mineures suggérées par le client qui nous remet d’ailleurs quelques échantillons de couleur comme base de travail. Le concept final vectorisé est suivi de quelques ajustements papier qui nous permettent de confirmer le format de chacune des trois ouvertures selon le gabarit grandeur nature fourni par le client. Puis j’envoie sur mon tout nouveau traceur numérique la commande pour couper les gabarits de vinyle qui me serviront à la taille et à l’ajustement des quelques 650 pièces de verre composant les 9 panneaux individuels de l’oeuvre finale. Évidemment, je priorise la technique traditionnelle de la baguette en raison de l’ampleur de chacune des sections.
J’entame d’abord la sélection des couleurs de façon progressive (work and progress) en établissant des valeurs sûres qui se répercuteront sur l’ensemble de la verrière. J’invite ensuite les clients à valider mon choix lorsqu’une portion significative d’un panneau est découpée et assemblée sur ma table lumineuse. Emballés par ce qu’ils voient, ils me donnent le feu vert pour la suite. Je m’attaque alors à l’évolution de chacun des 9 volets en coloriant au fur et à mesure sur une maquette papier l’avancée de mes pièces de verre pour une vue d’ensemble de l’oeuvre. Puis je prend des photos de chacune des étapes que je transpose dans Photoshop. L’ensemble me permet de procéder à quelques réajustements de couleur.
Enfin prête pour le mise en plomb (baguettes), je m’assure d’inclure des renforcements aux endroits prédéterminés sur mon patron. Nous continuons également, mon amoureux et moi, à prendre photos et vidéos régulièrement pour le futur making of de l’aventure.
J’apprécie toutes les étapes du vitrail sauf l’étape du masticage. Long et fastidieux, ce procédé de calfeutrage est toutefois nécessaire puisqu’il donne de la rigidité au vitrail tout en le rendant étanche. Heureusement mon partenaire de vie me donne un coup de pouce à ce niveau. Et finalement, après les deux semaines de séchage règlementaire, nous préparons les sections pour le transport vers leur lieu de résidence définitif : une galerie d’art privée.
Je suis vraiment très fière du résultat, de l’atmosphère que cela apporte à la pièce. Fière aussi de mon travail d’artiste et de technicienne. J’ai pris le temps qu’il fallait pour produire une oeuvre de qualité faite dans les règles de l’art, et les résultats sont probants. Un peu de repos maintenant et je serai plus que prête pour mon prochain grand projet.
Voici la vidéo de 6 mois de travail en 6 minutes.